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Mercredi 29 Mars 2017 à 16h

Lot 509
MANUSCRIT- H. DEPESTRE.

MANUSCRIT- H. DEPESTRE.

MANUSCRIT- H. DEPESTRE. Livre de copie com[m]encé le 11 octobre 1785. Sans lieu [Saint-Omer, Paris & Saint-Domingue], 1785-1790, 1 vol in-folio non paginé (61 feuillets non chiffrés et 26 feuillets. vierges) rédigés à plusieurs mains , écriture assez moyennement lisible (nombreuses biffures ou ratures) Reliure époque demi-vélin rigide, dos lisse, attaches de corde (bien conservées), tranches rouges .Infimes manques de cuir au dos, mais bon exemplaire. Registre de la correspondance des frères Depestre, banquiers, propriétaires et négociants à Saint-Domingue. Ces lettres sont écrites du 11 octobre 1785 au 23 novembre 1790, probablement à deux mains (les deux frères), et que l'on peut répartir en trois séries successives : 1-Lettres écrites de Saint-Omer: quatre missives, du 11 au 16 octobre 1785. 2-Lettres écrites de Paris: dix missives, du 15 avril au 11 mai 1786. 3-Lettres écrites de Saint-Domingue (Le Cap Français, mais surtout Mont-Rouy, où M. Depestre semble avoir eu sa résidence) : 118 missives, c'est-à-dire l'essentiel de cette correspondance, du 20 juillet 1786 au 23 novembre 1790, avec interruption du 13 novembre 1787 au 6 mai 1789, pour laquelle l'auteur note naïvement : "Je n'ai tenu copie d'aucune lettre tant pour l'Europe que pour les colonies". Depestre est arrivé en effet le 19 juillet 1786 au Cap, et s'est de suite empressé de mettre ses affaires à jour. Une correspondance d'affaires. L'essentiel de la correspondance concerne l'activité des frères Depestre à Saint-Domingue. On peut y suivre leur installation et le développement de leurs activités. Leurs débuts dans la colonie relève essentiellement du recouvrement de créances. Même s'ils se plaignent de mauvaises affaires , leur réussite semble bien réelle et va leur permettre d'acquérir un domaine ou la production de café est l'activité principale. Le 29 octobre 1786, l'achat d'un domaine est évoqué. Dans une lettre datée du 28 janvier destinée à leur tante, madame de Falligan, il explique que la fortune semble leur sourire. Ils envisagent de s'installer dans l'île de la Gonave et se livrent à un calcul financier de ce qu'elle couterait en concession et de ce qu'elle pourrait rapporter en sucre et en café (12 février 1787). Ils expliquent que cette concession sera difficile à obtenir car les administrateurs de la colonie ont " (…) dans ce moment un marché avec un entrepreneur qui l'oblige à fournir tous les bois que le roy a besoin (…) " et supposent que le surplus financier est partagé avec les administrateurs... Leurs affaires passent par une solidarité familiale puisque cette lettre est adressée à leur cousin le comte de Seneff à qui est proposée une association. La question de l'esclavage. L'esclavage est souvent évoqué dans ces correspondances. Citons quelques passages. Le 12 septembre 1786, ils se portent acquéreurs de " nègres " pour ses " habitations. Nous en prendrions jusqu'à vingt ". Le 22, ils indiquent que ces derniers ne leur conviennent pas : " j'aimerai mieux de beaux nègres nouveaux ". Le 5 décembre : " nous sommes contents des trois nègres faits que vous nous avez vendus , la présente pour vous prévenir que nous les gardons ". Plus loin, dans une lettre adressée à leur frère resté à Boulogne le 3 février 1787, ils écrivent : " Les nègres sont trop chers à céder et que tout comparé nous y gagnerons en attendant ". Le 12 février : ils évoquent la " perte de 15 nègres dont 9 travailleurs... je vais les remplacer par 15 bêtes... Le double de nègres triplerait le revenu ". Après une interruption de la correspondance, le 6 mai 1789 ils demandent un crédit à leur cousin à Bruxelles " pour acheter cent nègres faits à la culture ce qui mettra à un très haut revenu mes habitations ". Plus loin ils évoquent une nouvelle ordonnance du gouverneur " qui permet l'introduction des nègres étrangers dans la partie du nord de lisle ce qui peut-être fera baisser le prix des nègres dans cette partie ". La situation politique: Révolution et émancipation des esclaves. Les questions politiques ne sont évidemment pas l'objet de leur correspondance. Pourtant la situation semble devenir tellement préoccupante, qu'ils écrivent à leur cousin Seneff le 2 novembre 1789 : " Nous sommes informés de tout ce qui s'est passé en France. je ne vous en entretiendrai pas , il suffit de faire des voeux pour la fin des calamités. Nous nous attendons à une révolution déchirante. Nous sommes menacés d'une guerre civile si la députation du Comité du Cap point à celle de celui du sud... Nous avons à craindre de nos esclaves... ormis notre gouverneur, tous nos chefs d'administrations de finances et plusieurs officiers publics sont en fuite. Nous savons avec quelle chaleur la liberté de nos esclaves est demandée en France par une assemblée de philanthropes... Nos esclaves ne sont pas malheureux comme le veulent plusieurs. Ils sont toujours prêts à chanter et à danser. Jamais on ne fait les deux choses quand on souffre ". On voit ainsi qu'au delà même des troubles révolutionnaires, l'enjeu véritable est l'abolition et la perte financière qu'elle leur ferait subir.

Estimation : 3 500 € à 5 000 €

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